La lignée d'Ambre

Après la création de la Marelle primale et la fondation du royaume d'Ambre, Obéron, dernier des fils de Dworkin s'installa comme souverain. Dworkin lui-même, apparemment mentalement affecté par l'épreuve, se retirant quant à lui dans un rôle de sage/sorcier/bouffon, qui finit d'ailleurs par faire longtemps douter les Ambriens de leur parenté avec lui.

Les premiers temps d'Ambre demeurent assez mystérieux, sûrement marqués par un conflit ouvert contre les Cours, pour sa survie, et qui s'acheva semble-t-il par un modus vivendi ressemblant bientôt à un mépris mutuel, comme une volonté d'oublier jusqu'à l'existence de l'autre, ce qui fit d'ailleurs que nombre des fils d'Obéron ignoraient jusqu'à l'existence des Cours il y a encore peu.

Autre point obscur, le sort des frères et soeurs d'Obéron, tous de filiation chaotiques mais clairement indésirables dans les Cours. Nulle trace n'en est gardée.


Quoi qu'il en soit, Obéron donc devint Roi d'Ambre. Il se maria peu de temps après avec une certaine Cymnéa, appartenant semble-t-il à l'une des familles aristocratiques - bien que dénuées des pouvoirs sur les Ombres - s'étant constituée à Ambre. Il eut bien vite trois fils, dénommés Osric, Finndo et Benedict.

Las, Obéron n'était guère du genre à demeurer fidèle, et il eut bien vite de multiples aventures extra-conjugales, qui finirent par aboutir - en dépit de la fertilité finalement très discutable des immortels chaosiens comme ambriens - à la naissance d'Eric.
La nouvelle à peine connue semble avoir provoqué un grave scandale, se terminant par l'annulation pure et simple du mariage d'Obéron. Ses deux fils aînés, voyant leurs droits à la succession brutalement mis à mal, se rebellèrent, ou du moins témoignèrent bruyamment leur mécontentement, suffisamment en tout cas pour disparaître dans des circonstances troubles - la thèse la plus couramment acceptée étant celle disant que le Roi les auraient envoyés en pleine conscience à une mort glorieuse lors d'une guerre.

Dès lors, la mécanique des mariages, reconnaissances, divorces et enfants adultérins se déchaîna. On parle couramment d'un total de quinze fils et huit filles officiellement connus - sinon reconnus - nés d'Obéron.
Les morts, disparus, oubliés, momentanément indisponibles réduisent le total final à sept fils et trois filles, plus quelques autres dont certains indices laisseraient à penser qu'ils sont toujours en vie, quelque part.

A l'évidence, Obéron imposa sa personnalité d'acier pour tenir vaille que vaille son pouvoir sur Ambre, mais n'eut guère de bonheur dans ses relations avec sa descendance. Outre l'affaire de Finndo et Osric, les conflits se multiplièrent, simples disputes puis luttes intestines. Les Ambriens devinrent bien vite, millénaire après millénaire, des artistes du complot, de la trahison, du machiavélisme.

Le règne d'Obéron entra dans sa phase finale avec la Guerre dite de la Marelle : causée par de nouveaux complots autour du trône, aggravée par les ambitions démiurges du Prince Brand, elle amena une reprise des combats ouverts entre Ambre et les Cours, et menaça directement la stabilité de l'Univers par les dommages causés sur la Marelle Primale.
Après un grave flottement, l'essentiel des Princes d'Ambre fit front commun autour du Prince Corwin. Les armées des Cours furent vaincues de manière décisive aux portes des Abysses. Dans le même temps, Obéron usait une ultime fois de l'Oeil du Serpent - désormais appelé Joyau du Jugement - pour réparer la Marelle, au sacrifice de sa vie.
Brand fut précipité dans l'Abysse. Les Princes d'Ambre victorieux reçurent alors la visite de la Licorne, qui désigna Random, le plus jeune d'entre eux, comme successeur d'Obéron.

Au cours des dix années qui suivirent, Ambre connut une paix globale, hors de quelques alertes ponctuelles, essentiellement liées à la guerre civile frappant les Cours après le décès du Roi du Chaos Swayvill. Random et la Reine Vialle gouvernent donc en essayant autant que faire se peut d'éviter tout retour des tensions familiales, tout choc fratricide, ce qui est déjà une performance remarquable !
Le grand problème actuel vient de la montée sur le trône des Cours de Merlin, fils de Corwin d'Ambre et de Dara, princesse du Chaos, elle-même lointaine descendante d'Obéron ; les relations diplomatiques avec le nouveau souverain "ennemi", qui possède des droits indiscutables à la couronne d'Ambre, restent largement à éclaircir.

Pour essayer de s'y retrouver un peu, un arbre généalogique récent - bien qu'incomplet :





(Document tiré du site des Marcheurs d'Ombre : http://marcheombre.free.fr)

Si l'on peut situer - dans la mesure où la géographie puisse être exacte dans un environnement non euclidien... - les cavernes du Logrus comme étant au coeur des Cours du Chaos tout en étant leur fondement, il n'en va pas de même pour la Marelle primale par rapport à Ambre.


En effet, la Marelle telle qu'elle fut tracée par Dworkin se situe dans un espace différent, très difficilement accessible aux non-initiés, y compris parmi la famille royale. La Marelle que l'on retrouve tracée dans le sous-sol du palais d'Ambre n'est en fait que son premier reflet, sa première Ombre, de même qu'on la retrouve, de plus en plus déformée, dans de nombreux univers de l'Ombre.

Quoi qu'il en soit, le siège du pouvoir protégeant la Marelle s'est installé sur un univers - surnommé la Terre réelle - où la stabilité est telle qu'elle restreint de nombreux pouvoirs et capacités physiques et magiques.
Cette limitation a amené l'univers d'Ambre à demeurer figé dans un environnement que l'on situerait chronologiquement au Bas Moyen Age ou à la Renaissance, sans la poudre à canon ni aucun autre matériau détonnant. Non que les technologies modernes ne soient pas connues - l'armée ou la flotte d'Ambre, lorqu'elles agissent en Ombre, peuvent avoir besoin d'un arsenal normalement inefficace sur la Terre réelle - elles sont juste non efficientes.
Par le fait, Ambre exerce aussi comme un pouvoir d'attraction, qui fait que ceux disposant du pouvoir de se mouvoir parmi les Ombres peuvent facilement en retrouver le chemin - même s'il prend des itinéraires bien précis, comme la Forêt d'Arden - mais ont également d'énormes difficultés à s'en éloigner.




Le Royaume se compose d'une seule grande île, cernée par un océan ouvrant sur les Ombres voisines. Il a pour coeur la Cité d'Ambre elle-même, partagée entre une immense ville basse, portuaire et commerçante, et la ville haute, dont les grandes demeures et domaines aérés s'épanouissent sur les larges pentes de la grande montagne du Kolvir.
Accessible par le vaste escalier principal, ou encore par quelques sentiers latéraux plus étroits - rendus célèbres par l'assaut de la montagne par les troupes menées par les princes Bleys et Corwin - le domaine royal lui-même s'étend sur plusieurs larges et fastueuses terrasses inondées de fleurs, fontaines et parcs en tout genre, avant d'aboutir au Palais proprement dit, succession de grandes salles, galeries et fines tours s'élançant vers le ciel et défiant la pointe même du Kolvir.


Cette prodigieuse Cité est, au sens premier du terme, le centre de l'Univers : toutes les autres villes, même celles des légendes, n'en sont que de pâles reflets, de plus ou moins lointaines imitations en Ombre.
Deux de ces reproductions voisinent immédiatement Ambre : au fond de la mer, double de l'océan, on trouvera ainsi la cité et le royaume de Rebma. Dans le ciel, uniquement lors des nuits de pleine lune, Ambre trouve également sa jumelle en la Cité de Tir-nan’ogth, lieu de visions et de spectres, utilisé parfois comme oracle.




Tout autour d'Ambre va s'étendre, très profondément en Ombre, la forêt d'Arden, à l'origine de toutes les autres forêts de l'Univers. Hors d'un passage par la mer et les côtes, Arden est un passage obligatoire avant d'espérer atteindre le coeur du royaume d'Ambre, et est comme de juste étroitement surveillée. Le massif forestier s'étend jusque sur la chaîne de montagnes du Kolvir, notamment dans la vallée de Garnath, lieu d'une imposante bataille entre forces d'Ambre et des Cours lors de la Guerre de la Marelle.

euh ambre en île j'ai du mal à m'y faire...c'est une de tes interpretations??

normalement la foret d'arden fait le lien avec le continent...sinon comment expliquer que corwin et random ait pu arriver en voiture en ambre sans jamais avoir pris de bateau..

moi Ambre en tant qu'île m'a toujours semblé évidente: il est normal en effet qu'elle garde quelque chose de son état à l'instant de sa création lorsqu'elle était une île de stabilité au milieu des remous du Chaos...

Moi non plus j'avais jamais imaginé Ambre en île...

En fait je ne m'étais jamais posé la question de ce qu'il y avait au delà d'Arden.

Pour moi il y avait d'un côté Arden, de l'autre la mer (et Ambre au milieu, tronant sur le Kolvir).

Dans les deux cas, à l'infini, sauf que l'on ne reste jamais sur le plan d'Ambre très longtemps, si on s'en éloigne, c'est bien pour passer en Ombre.

Cat

Riddle a écrit:

moi Ambre en tant qu'île m'a toujours semblé évidente: il est normal en effet qu'elle garde quelque chose de son état à l'instant de sa création lorsqu'elle était une île de stabilité au milieu des remous du Chaos...

Tout pareil (et puis l'île en question fait tout de même le quart de la France en Superficie... c'est pas ridicule...)

Je pourrais dire : c'est comme ça et pi c'est tout, mais j'argumenterais tout de même. C'est en effet une interprétation - tout ce qui est écrit dans mes parties de présentation en est d'ailleurs, il faut bien fixer un cadre minimum.

- On présente Gérard et Caine comme les amiraux des escadres du nord et du sud. Cela implique presque de fait l'encerclement par la mer (ou alors il faudrait imaginer une situation d'isthme ou de presqu'île, mais la notion de "centre" se perdrait.

- Arden est à la fois une forêt, un plan primal et un réseau d'Ombres. On ne peut s'en servir comme accroche géographique quelconque. C'est la voie d'accès à Ambre, car c'est la voie terrestre à travers les Ombres. Voilà pourquoi Corwin et Random y parviennent.

- Comme l'a dit Riddle, l'île est la position allégorique par excellence de ce qu'était (et demeure d'ailleurs largement) Ambre : le point focal de stabilité au milieu des remouds, le caillou jeté dans l'océan du Chaos.


Bref, c'est une représentation qui me semble logique, en tout cas valable. De plus, pour les Princes d'Ambre, elle est on ne peut plus rhétorique, puisque hors du Kolvir la géographie devient celle des Ombres - celle du royaume d'Ambre devient des plus secondaires.

Je ne vois pas Arden sur la carte... Tu la considères véritablement extérieure à la terre d'Ambre, donc ?

Si, c'est le massif forestier du coeur de l'île - on devine (difficilement) le nom "Arden" en surimpression - autour de la Vallée de Garnath.

Dworkin a écrit:

Si, c'est le massif forestier du coeur de l'île - on devine (difficilement) le nom "Arden" en surimpression - autour de la Vallée de Garnath.

Effectivement le nom n'était pas aisé à deviner

J'ai retrouvé une description d'Arden:

Dans "The Hand of Oberon", chapitre IX, après que Ganelon (Obéron) mette Gérard KO (), c'est Corwin qui parle, il part du Palais à cheval :

(...)

I headed for the nearest trail into Arden. The sea lay at my back, Garnath and the black road to the left, Kolvir to my right. I had to gain some distance before I could work with the stuff of Shadow.

[Donc clairement il est sur le plan de la ville]

(...)

The old trail twisted, widened, narrowed again, swung to the northwest and downward, into the thickening wood. The forest had changed very little. It seemed almost the same trail a young man had ridden centuries before, riding for the sheer pleasure of it, riding to explore that vast green realm which extended over most of the continent, if he did not stray into Shadow.

Voilà, il parle bien d'un continent, si on ne passe pas en Ombre. C'est pour ça que moi j'avais jamais vu Ambre comme une île, mais à la jonction de 2 "océans", un océan maritime, et un "océan" terrestre, Arden. Une forêt infinie si on ne passe pas en Ombre.

Cat

Donc la carte d'SP est Juste.

Alors histoire de régler cette affaire une fois pour toute :

1) Cette carte n'est pas de moi, mais elle correspond plus ou moins à la vision que j'ai de l'Ambre matérielle. On a une grosse île, avec une vaste forêt centrale (même si ça se lit mal, le nom d'Arden est présent sur la carte...), un littoral étroit, une grande chaîne de montagnes.

2) Hors de quelques détails qui mériteraient une analyse dialectique à la Thomas d'Aquin, Zélazny est plus que vague sur la géographie d'Ambre, que ce soit le "continent" ou la ville ou le palais.

3) Mieux : les rares passages de ce genre sont contredits plus tard. Zélazny n'est pas parole d'Evangile (ou plutôt, si, en un sens ), et alors qu'il laisse entendre dans tout le premier cycle que pour sortir (et entrer) d'Ambre via les Ombres il faut forcément passer par Arden ou la mer, voilà que Merlin passe plus tard par les côtes.


Bref, on pourrait peut-être envisager plusieurs possibilités. Malheureusement, de MJ il n'en ait qu'un. Et donc...

Dworkin a écrit:

Alors histoire de régler cette affaire une fois pour toute :

1) Cette carte n'est pas de moi, mais elle correspond plus ou moins à la vision que j'ai de l'Ambre matérielle. On a une grosse île, avec une vaste forêt centrale (même si ça se lit mal, le nom d'Arden est présent sur la carte...), un littoral étroit, une grande chaîne de montagnes.

2) Hors de quelques détails qui mériteraient une analyse dialectique à la Thomas d'Aquin, Zélazny est plus que vague sur la géographie d'Ambre, que ce soit le "continent" ou la ville ou le palais.

3) Mieux : les rares passages de ce genre sont contredits plus tard. Zélazny n'est pas parole d'Evangile (ou plutôt, si, en un sens ), et alors qu'il laisse entendre dans tout le premier cycle que pour sortir (et entrer) d'Ambre via les Ombres il faut forcément passer par Arden ou la mer, voilà que Merlin passe plus tard par les côtes.


Bref, on pourrait peut-être envisager plusieurs possibilités. Malheureusement, de MJ il n'en ait qu'un. Et donc...

Moi, là, je suis entrain de relire le cycle de Corwin, et dans le premier tome, il dit effectivement qu'on entre en Ambre soit par Arden, soit par la mer, soit par les côtes.

Je l'ai d'ailleurs sous les yeux, tèh :

Dans la première invasion de Corwin, si celui-ci passe par la mer avec sa flotte, Bleys passe lui, effectivement par la côte, "A midi, nous avons traversé une forêt qui longeait la côte. La forêt d'Arden était au nord, à notre gauche, Ambre face à nous."

Dworkin a écrit:

Bref, on pourrait peut-être envisager plusieurs possibilités. Malheureusement, de MJ il n'en ait qu'un. Et donc...

Ha mais je ne contestais absolument pas, je citais juste le passage le plus proche de ce que moi j'avais imaginé comme Ambre, et j'expliquais pourquoi je l'avais imaginé comme ça (je m'auto-cite: "C'est pour ça que moi j'avais jamais vu Ambre comme une île").

Ici, c'est une île, très bien; comme tu dis, c'est toi le MJ.

Cay

Nan, t'as raison de discuter sur tous ces points - les parties "background" ne sont pas là uniquement pour faire encyclopédie, mais plutôt pour que tout le monde ait à peu près une base commune unifiée - et je pense qu'il y aurait moyen de se lancer dans de vrais débats sur certains sujets.


Le truc, c'est que bon, voilà, pour ce qui est du récit en cours cette situation m'a paru la meilleure.