Episode 1 : Règlements de compte

(il y a des enfants? les enfants sont parfois moins prompts à s'habituer à des phénomènes perturbants que les adultes)

Les quelques enfants, souvent en train de pleurer près d'un adulte, ne paraissent pas percevoir le bruit.

Par contre, un vieux chien, qui était jusque là couché dans un coin, montre une nervosité évidente. Tout porte à croire que la fréquence du son est dans une partie du spectre inaudible au commun des mortels.

Il oscille entre le simple sifflement lointain et un bruit de fond, semblant provenir du tissu d'Ombre lui-même.
Finalement, au bout de quelques minutes, il s'évanouit purement et simplement.

bien, vous n'allez pas rester indéfiniment ici! deux options: soit vous venez tous avec moi, soit nous formons une équipe pour explorer les alentours et voir si il y a ou non encore du danger. que choisissez vous?

Tout le monde te regarde avec étonnement, presque incompréhension. Visiblement, l'idée de sortir terrorise la majeure partie des réfugiés.


Au bout de quelques secondes d'aparté, un grand sergent portant l'uniforme des troupes de la Reine, grand blond, ayant visiblement connu bien des combats, se dresse devant toi. A la différence des autres, son air reste martial et son rictus reflète une assurance préservée malgré les épreuves.

"Je ne demande pas mieux, moi. Seulement je ne vois pas pourquoi je sortirai seul avec une gamine inconnue.

Il s'essaie à un sourire faussement charmeur.

"A un autre moment, peut-être."

est-ce ainsi que l'on s'adresse à une princesse royale soldat?

* je dégrafe le haut de la chemise de coutil blanc ambrienne pour laisser apparaitre les tatouages claniques qui symbolisent mon rang; dans ma main j'ai toujours mon médaillon d'argent et d'opale de feu représentant un dragon aux milieu d'un enfer de flammes, symbole de ma magistrature de shaman*

est-ce ainsi que tu t'adresse habitant des Îles à un Parleurs-aux-Wyrms?

suivez-moi ou ne me suivez pas, je ne crains pas ce qui ce trouve au-delà des murs de ce refuge, de par mon sang et de par ma fonction je me sens l'obligation de vous porter assistance mais si vous refusez la main tendue libre à vous car tout homme est responsable de sa propre vie!

L'immense majorité des réfugiés te témoigne immédiatement un respect proche même de l'adulation. Les "Princesse !", "Sauvez-nous, sauvez votre peuple !", "Appelez les Dragons !" fusent dans la pièce, surtout parmi les civils.


Les soldats sont pour la plupart plus mesurés. Quatre de ceux portant l'uniforme de la Reine ta mère, y compris le sergent - qui témoigne tout de même d'une expression nettement moins arrogante - se rapprochent même les uns des autres et t'opposent un regard sombre.

"J'avoue vous avoir insultée, et je m'en excuse Votre Altesse, te lance le sergent d'une voix grave. Cependant, sauf votre respect, à une époque où les filles défient leur mère, nous avons tendance à être prudents. Rien ne nous dit que vous n'êtes pas vous aussi dans la mêlée. Rien ne nous dit que vous n'êtes pas celle qui mène cette horde contre nos îles..."

que ce soit ma mère ou mes soeurs... *soupir* où même moi le respect ou la déférence que le peuple peuvent témoigner n'est en l'occurrence nullement justifiés, notre rôle est d'être vos gardiennes et vos guides et j'ai découvert qu'aucune ne semblait en avoir encore conscience sinon la situation actuelle n'aurait pas lieu d'être, cependant ces hommes mystérieux qui ont ravagé et provoqué la désolation ne sont je le craint ni le fait de ma mère ni celui d'aucune de mes soeurs, une menace étrangère pèse sur les Îles et je crains que ni l'une ni les autres ne puissent faire grand-chose...

sachez que pour ma part mon âme est liée au sang qui coule dans les veines de chaque habitant des Îles, que mon esprit ne vibre que dans le vent qui souffle dans nos voiles et dans l'eau fendue par nos carènes, certes je suis une princesse de sang, je suis d'abord et avant tout celle qui parle pour les wyrms.

vous savez la puissance des femmes de mon clan, vous avez vécu sous le joug de l'une d'elles toute votre vie; si j'avais voulu vous nuire croyez-vous que j'aurais besoin d'artifices ou de sournoiserie?

j'ai dit que je pouvais vous conduire en lieu sûr, je ne peux vous dire où, je ne peux vous dire comment, il faudra que vous me fassiez confiance.

et les dragons ne viendront pas, car le chaos que ces hommes ont apporté, il s'est infiltré parce que nous l'y avons invité par notre arrogance et notre soif de pouvoir toujours plus grande, ne croyez pas qu'ils soient indifférents à votre malheur, leur coeur saigne et leurs yeux pleurent de voir leur peuple ainsi décimé, leurs Îles dévastées, mais comme vous l'ont appris les légendes anciennes, les dragons ont offert aux hommes le cadeau le plus précieux qu'il avaient en leur possession, la liberté, c'est cependant un cadeau à double-tranchant mes amis, les dragons nous ont laissé libres de diriger nos vies d'humains, ils nous offert l'usufruit du monde qu'ils avaient rêvé, nous appris à grandir comme des arbres et non pas comme des lianes qui ont toujours besoin d'un tuteur pour atteindre la lumière... mais cette liberté implique aussi que lorsque nous provoquions des catastrophes nous nous débrouillons tout seuls... ils viendront, soigner les terres, purifier les eaux et le vent, mais il faut pour celà que nous ne soyons plus là... car leur magie doit rester secrète pour rester sacrée...
*re-soupir*
c'est un bien long discours et vous êtes épuisés, dormez, restaurez-vous et demain ce qui le voudront viendront avec moi car comme je l'ai dit, nous sommes tous libres de nos choix ici-bas.

Si personne ne te reprend, l'inquiétude règne cependant. Les soldats retournent dans leur coin, reformant, peut-être inconsciemment, deux camps pour discuter à voix basse.
Les civils semblent dans une certaine confusion. Tous s'interrogent sur la conduite à tenir pour demain : partir ou demeurer ici ?



C'est dans cette atmosphère lourde que passe la fin de journée et la soirée.
Le lendemain, tu vois qu'un groupe s'est formé, avec quinze personnes au total, dont six soldats.
Neuf personnes demeurent assises, visiblement décidées à ne pas bouger malgré les objurgations de leurs camarades. Quatre d'entre elles sont de toute façon des soldats blessés difficilement transportables.

La surface est calme, mais des nuages noirs obscurcissent le ciel. Rien n'indique en tout cas la proximité de l'ennemi.

je vais user de magie, pas une magie spectaculaire, mais il se peut que à un moment ou à un autre vous ayez des vertiges ou voyez des choses bizarres, faites-moi confiance, tenez fermement la corde
*j'ai déchiré ma cape de manière à créer une bande de tissu assez longue pour que tous puissent la tenir*
et avancez avec moi, si celà est possible je reviendrai chercher ceux qui sont resté.
êtes-vous prêts? bien, allons-y!

*je bande mon esprit vers la concentration la plus pointue, et je part en direction de la mer, car je sais que mon pouvoir est plus puissant, plus malléable près de l'eau que vers l'intérieur des terres... j'espère trouver sur mon chemin une embarcation suffisamment grande pour nous transporter tous, mais j'essaye déjà de modifier les ombres autour de moi*

Tous t'imitant, vous n'avez pas de mal à improviser quelque chose permettant de se lier les uns aux autres. Tu devines, sur une partie du parcours, la peur, mais aussi le doute de plusieurs de tes compagnes et compagnons, que ta résolution ne semble qu'avoir partiellement rassurés.

La Marelle répond de manière fort étrange à tes pressions. Il y a une résistance anormale dans l'Ombre - ou, plutôt, une résistance plus grande encore que d'habitude - comme si un pouvoir est, ou avait été à l'oeuvre et perturberait l'influence de la Marelle.

Avec quelques efforts supplémentaires, tu parviens cependant - à la surprise de beaucoup - à un petit ponton où est attachée une embarcation de petite taille mais néanmoins suffisante pour charger tout le monde et faire du cabotage.