Episode 8 : On en apprend des choses !

On n'interrompt pas ton petit périple - la garde de la Marelle étant toujours aussi laxiste.

Arrivé à la galerie conduisant aux cachots, tu constates qu'il n'y a pas la moindre surveillance. Les portes de la dizaine de cellules sont grande ouvertes, et tout porte à croire qu'elles n'ont pas servi depuis bien longtemps. Random a donc bien tenu sa promesse - visiblement, le fait d'y avoir passé quelques semaines après avoir tenté d'aider Corwin alors détenu par Eric l'a rendu sensible aux conditions de détention.

Dans ce cas je vais voir si Flora est libre, il faut tout de même que je lui dise au revoir.

Apparemment toujours pas. L'entrevue se prolonge. Tu peux bien sûr te faire introduire - au risque de déranger.

Histoire d'attendre je contacte (depuis mes appartements) ma chère tante Fiona.

Le contact se fait rapidement, mais l'Atout ne s'anime pas, ou très peu. De plus, tu ressens une couche de défenses très impressionnantes : firewall, portes blindées, champs de mines psychiques, tout est levé pour que tu ignores tout de la localisation de ta tante qui, toutefois, semble accepter ton contact.

- Tiens donc, tu étais l'un des deux sur la liste de ceux que je comptais contacter sous peu. Que puis-je pour toi ?"


Le point encourageant, c'est que tu ne ressens pas les vrilles psychiques que Fiona a toujours tendance à vous enfoncer dans le cerveau à chaque contact d'Atout. On ne peut pas se fortifier et labourer les cerveaux en même temps, visiblement...

Avec mon sourire le plus amical je lui dis en substance ceci :
"Oh si peu ma tante.... Il paraitrait qu'un certain Delwin aurait amené en Ambre un artefact d'un certain pouvoir. Auriez-vous par hasard un atout de lui ?"

Pause relativement longue.

- Je vois...
Et, bien entendu, c'est ton père qui t'amène à faire le sale boulot...

Alors, si tu veux mon opinion, ne t'approche pas de Delwin, et ne cherche pas à prendre possession d'objets que moi-même ne tente même pas de posséder. Bleys joue un jeu dangereux, comme d'habitude, mais il parie cette fois plus gros que jamais. Ne te laisse pas jouer par lui."

Ton doctoral, mais tu as l'habitude...

Evidemment, tu donnerais beaucoup pour avoir un meilleur aperçu de ses pensées réelles - quoique, elle serait capable de t'induire en erreur, la connaissant.

- A la fois beaucoup, en apparence, mais en réalité pas grand chose. En tout cas, rien qui ne puisse être utilisé pour des choses valables.
Sauf que ton père, même si une partie de lui-même s'est satisfait à l'arrivée au trône de Random, croît qu'il lui sera utile, un jour, d'avoir ce genre de pouvoir entièrement sous son contrôle. Il a déjà commencé.

Je ne doute pas que toi-même trouverait ton compte, dans un premier temps, à posséder ce que l'on appelle un Aiguiller, mais je t'en dissuade. Hors de la Marelle et du Logrus, et des Atouts, peut-être, il n'est de véritable pouvoir..."

Elle ne t'avait jamais sorti le mode Yoda. C'en est presque amusant.

Je prends donc la position de l'élève qui cherche à mieux comprendre la position de son professeur.

"Effectivement ça m'a l'air de quelque chose de peu pratique à utiliser. Toutefois suffisamment de gens y accordent du crédit pour qu'on puisse y voir tout de même un intérêt, ne serait-ce que pour obtenir quelque service de quelqu'un qui justement maîtriserait le Logrus ou les Atouts. N'est-ce pas donc abusif de les dénigrer ?"

- Ils ne sont à dénigrer que dans la mesure où ils sont utilisés pour tenter de fausser le jeu des puissances et assouvir avant tout des ambitions personnelles. Ils sont faibles individuellement, et leur pouvoir peut-être aisément contenu : certains d'entre nous sont même totalement immunisés à leurs effets, Delwin notamment.

Mais leur usage et leur rassemblement peuvent avoir des conséquences néfastes, en déséquilibrant les rapports de force. Ils sont l'avantage décisif qui pourrait faire pencher une balance par ailleurs globalement équilibrée, et rarement dans le bon sens. Même si c'est Bleys qui semble vouloir y jouer en ce moment..."


Tu t'attends à un "surtout si c'est Bleys", mais visiblement elle semble avoir pris sur elle...

Je montre une certaine déception sur mon visage et comme un air d'ennui.

"Soit ma tante. Ces choses sont donc définitivement hors de ma portée. Mais vous vouliez me contacter disiez-vous ?"

- Oh, mais tu m'as déjà presque tout dit, en tout cas l'essentiel. Je vois que tu as bien eu des nouvelles de ton père, je m'y attendais un peu.
Il s'est sûrement réfugié dans les Cours du Chaos, à l'heure actuelle...
Je sais même qu'un illustre absent est revenu parmi les siens...

En tout cas, même s'il vaut mieux ne pas dire aux autres que je t'ai contacté, sache que la situation en Ombre est pire encore que ce que nous pouvions imaginer. Et en réalité, même Ambre..."


Et le contact cesse brutalement.

Je rouvre le contact et insiste mentalement si ça ne passe pas.

Visiblement, tu parviens à établir de temps à autres le contact, et tu devines que ta tante essaie de faire la même chose de son côté - ce qui montre que ce qui parasite votre contact est d'une puissance peu commune.

Au bout de quelques secondes fort longues et éprouvantes, tu devines quelques mots rapides de Fiona qui passent le barrage.

"Inutiles... d'efforts... Même les Atouts..."

Un long silence, avant que tu ne devines "... nedict".

'Videmment, on en revient toujours aux mêmes vieilles recettes...

Mais suite à cet ultime écho, plus rien. L'Atout lui-même semble inerte, sans sa traditionnelle fraicheur.

Eh bien il semble que le climat ne soit guère propice au voyage en Ombre. L'atout de Bénédict est tout aussi inerte je suppose ? Si oui je vais le trouver dans le palais. Sinon je l'appelle.

L'Atout de Bénédict est, lui, parfaitement fonctionnel en apparence.

En vérité, les Atouts de ton père, de Random, Bénédict, Gérard, Julian, Flora, Llewella et de tes cousins Martin et Laurent, ainsi que celui laissé par Ida de Coris semblent avoir leur fraicheur coutumière.

L'Atout de Bénédict répond rapidement.
Mais la voix de ton oncle qui se fait entendre n'invite pas à la discussion.

"Pas le moment..."

Connaissant son tempérament concis je parle aussi vite que je le peux:

"Juste pour dire que ma tante fiona voulait que tu sois prévenu que la situation en ombre dégénérait encore plus quelle le craignait quambre allait bientôt être atteinte dailleurs visiblement les atout ont du mal à passer ce qui trouble le tissu dombre car la transmission sest achevée sur des parasites sans quon puisse rien y faire."

Et je respire à nouveau.

Tu as l'étrange impression que ton appel est en attente. Comme s'il y avait un contact, mais personne au bout.

Ce phénomène cesse au bout de quelques secondes, lorsque tu devines la silhouette de ton oncle, apparemment dans une des salles du Palais, l'air sévère (pour changer), qui te tend le bras droit (à défaut de main...).

"Passe..."

Quand Bénédict demande, on s'exécute...

... et tu te retrouves ni plus ni moins que dans le bureau de Random.

Bénédict, évidemment est là, mais en réalité toute la fine équipe, ou presque, est présente : Random en personne, ainsi que Julian.
Tous deux sont debout, cigarette au bec et l'air peu engageant (quoique tous deux te font un signe de tête). Pas de Gérard, par contre, ni aucune des filles.

Sur une chaise, assis dans une posture peu élégante, les bras ballants derrière le dossier, et un joli hématome sous l'oeil gauche (la nuit semble avoir été agité, et les retrouvailles chaleureuses), Delwin semble prendre ton arrivée avec davantage de satisfaction, du genre de celle que l'on ressent quand on n'est plus au centre de l'attention de tous.

Random n'attend pas, et attaque de suite.

"Fiona, hein ? Et j'imagine qu'elle n'a pas daigné dire où elle était, ce qu'elle faisait, ni laissé entendre un quelconque retour imminent, pour elle ou pour Bleys ?
En fait, elle t'a dit quoi ?"

En entrant je salue légèrement mes aînés présents.

"Eh bien... Tout d'abord qu'elle ne pouvait que condamner Bleys qui essaie de s'approprier tous les Aiguillers, notamment par le biais de Delwin, qui est "immunisé à leur pouvoir" paraitrait-il. Il essaierait de s'en servir pour faire pencher la balance de l'univers dans le mauvais sens.

Elle pense d'ailleurs qu'il est dans les Cours du Chaos, réfugié là à cause des troubles en Ombre. Paraitrait-il qu'un "illustre revenant" lui tiendrait compagnie là-bas. Elle me l'a dit juste avant de faire allusion à la situation en Ombre, pire que ce qu'elle imaginait, situation dont Ambre ne serait pas à l'abri.

A ce sujet elle n'a pu être que très allusive car nous avons été coupé. Enfin quelque chose a endigué le pouvoir des Atouts qui nous reliaient. En essayant de forcer le barrage je n'ai pu capter que ton nom Bénédict."

Signe de tête vers l'intéressé.

"D'ailleurs ce pouvoir est intéressant car il y a déjà quelques temps, pendant que la délégation chaosienne était au château il est arrivé la même chose en communiquant avec mon père : contact rompu et atout tiédasse. Serait-ce le même phénomène ?"

HRP: Aurais-je oublié des éléments pertinents des précédentes discussions avec ma tante ? 16 pages rien que dans ce sujet ça rend les recherches plutôt longuettes...

Delwin, mis en cause, réagit à peine en dépit des regards étranges que Random lui pousse.

Tout le monde, en tout cas, t'écoute. Evidemment, il y a toujours cette impression déplaisante que l'on essaie de peser tous tes mots, juste histoire de savoir s'il n'y en a pas qui pourraient être à prendre avec des pincettes.
Julian intervient.

"Ce bon vieux Bleys. On ne change pas les vieilles recettes. Il nous refait une de ses bonnes tentatives de putsch dont il a le secret...

- Mouais, dit Random avec circonspection, ce n'est pas impossible, mais il faut se méfier des interprétations de Fiona. La seule fois où je la vois s'opposer à son frère... Plutôt troublant.

- Quoi qu'il en soit, les interrompt Bénédict alors que Julian voulait rebondir sur le sujet, la défense directe d'Ambre est désormais à envisager. Et j'aurais alors dans ce cas besoin de tout le monde ici, si nous voulons aussi protéger le Cercle d'Or.

- Oui... Bien sûr... Nous essaierons de contacter tout le monde dès que possible.

- Et toi, là, reprend Julian en se tournant vers Delwin, où est ta soeur, et où sont les autres Aiguillers ?

Delwin pouffe comme à une bonne blague.

- Je vous l'ai déjà dit. Pour les miens, un chacun pour Merlin et vous, le reste à Bleys.
Et pour ma soeur... elle est depuis si longtemps entre les mains de l'ennemi inconnu qui nous menace actuellement que je ne fais pas d'illusion quant au destin des Aiguillers qu'elle avait en sa garde.

Il se tourne vers toi, le regard amusé mais assez inquiétant.

"Tu es vraiment fils de Bleys ? Lui m'a parlé d'un Tyrone, mais j'avoue que tu lui ressembles bien davantage.

- Bien sûr, les pomettes sûrement, lance Julian. Assez de perte de temps. Tu as dit être demeuré toutes ces dernières années dans les Cours du Chaos, notamment auprès de Mandor, et tu oses ensuite te pointer comme l'ignorant de service.

- Je n'étais pas à proprement parler un invité...

- D'accord, tu étais prisonnier, dans des conditions atroces, dit Random en soupirant. Et un de mes neveux arrive et te sort de là en deux temps trois mouvements. C'est ça en gros ?

- Oui... sourit Delwin. Mandor n'avait plus grand chose à tirer de moi.
Mieux, Bleys a donné un coup de main. Il faut dire que ce cher Laurent n'a rien trouvé de mieux que de lui remettre un des tronçons de Grayswandir... Enfin...

Random tique.

- Oui, oui, on sait... Le bon neveu que voilà...

- En fait, reprend Delwin, je ne vois vraiment pas que vous dire de plus. Vous savez, et ce que vient de raconter notre neveu le confirme, que la menace d'Ombre est bien plus importante que tout ce qui a été envisagé jusque là. Je vous ai dit ce que je savais sur cette menace, vous ai confié mon dernier Aiguiller, et ne demande qu'à être à l'abri de cette menace ici, tout comme je l'étais dans les Cours.

Julian, une fois de plus, est arrêté dans sa réplique sûrement acerbe par Bénédict.

- De toutes les façons, nous avons besoin de tout le monde. Et j'approuve donc ta présence."

Julian ne dit rien, mais le silence sonne comme une capitulation. Random lâche un "Ouais" laconique et un brin désabusé.

Tout en écoutant ce qu'ils disent je jette un coup d'oeil dans la pièce. L'Aiguiller traine quelque part ? Un des présents s'accroche-t-il particulièrement à un coffret ou un autre objet ? Non que ce soit une bonne idée d'essayer de le piquer avec Bénédict sur le pied de guerre dans les parages mais c'est le genre de chose qu'il vaut mieux avoir à l'oeil.

Après le "Ouais" je demande :
"N'avez-vous donc aucune idée de ce qu'est cette menace venue d'Ombre ?"

Je pense à ce moment à quelque chose, ce que j'ai lu dans le livre d'Ida, et l'énonce à voix haute afin de voir si cela touche quelqu'un, Bénédict au hasard. De toute manière je n'ai rien à perdre...

"Les Aiguillers en sont les responsables n'est-ce pas, pas le coupable mais son arme ? Après tout n'ont-ils pas été près de détruire Ambre du temps de la rébellion de Cymnea et Finndo ?"