Episode 8 : On en apprend des choses !

Tu ne repères rien qui laisse à penser que l'Aiguiller est dans les parages. Peut-être qu'un sort permettrait de le repérer, mais tu n'as pas vraiment le temps et la discrétion suffisants pour cela.


En tout cas ta déclaration fait son effet : gros silence. Random et Julian restent interdits - et semblant davantage se demander de quoi tu parles qu'autre chose. Bénédict a un mouvement étrange, qui le conduit à se replacer davantage dans ton champ de vision (oh oh...).
Delwin, quant à lui, finit par éclater franchement de rire.

"Eh bien, j'avoue être impressionné ! Et je reconnais bien là un digne neveu de Fiona !

Bénédict, plus sombre que jamais, parle autant pour lui-même que pour tout le monde.

- L'affaire est fort ancienne, et son souvenir s'est déformé. Je ne saisis pas qu'elle ressorte en ce moment.

- Bénédict ! Bénédict ! s'enflamme Delwin, tu es le dernier à pouvoir nous dire comment les Aiguillers, tous assemblés, ou presque, peuvent frapper jusqu'au coeur de la Terre réelle ! Raconte nous comment Obéron a ensuite tenté toute sa vie durant d'engendrer des enfants insensibles à leurs pouvoirs, et capables de les conserver...

- Une réussite évidente, dit simplement Bénédict, qui, comme souvent, semble vouloir se replier sur ses positions silencieuses si confortables.

- Mais ce n'est pas cela, reprend doucement, en souriant vers toi, Delwin. En tout cas, pas seulement. Nul doute que les Aiguillers de Sand ont joué un rôle dans le développement si impressionnant de cette grande offensive, mais il y a autre chose. J'ai été attaqué dans les Ombres. J'ai été pris par surprise, et presque totalement vaincu, par un ennemi suffisamment fort pour briser la Marelle et tous nos arts. Et il n'utilisait aucun Aiguiller. Bleys a été vaincu de la même façon.

De plus, même si leurs pouvoirs ne peuvent m'atteindre, je connais leurs forces, et leurs limites : même s'il devait posséder quatre, voire cinq Aiguillers, en aucune manière notre adversaire ne pourrait ainsi bouleverser les Ombres et amener jusqu'au coeur d'Arden ses propres armées."


Julian, Random et Bénédict, pour des raisons différentes, ne rajoutent rien. Delwin est visiblement fort satisfait : il a quitté sa position de prisonnier interrogé pour devenir le "gars qui sait".

Tout en était ravi de mon petit effet (merci Ida!) j'essaie de n'en rien montrer et me tourne vers Bénédict pour ma question suivante :
"Le fait est que j'ai eu récemment sous les yeux un livre donnant, entre autres, quelques détails de ce vieux conflit et il m'a semblé y voir des similitudes avec ce qui arrive actuellement, notamment ce trafic d'Aiguillers et cette menace sur Ambre. Mais n'a-t-il pas été possible de capturer un des suivants de cet ennemi si mystérieux ?"

Julian a le sourire carnassier.

- Bien évidemment qu'on a fait des prisonniers. Des centaines, et dix fois plus de morts. Seulement la plupart sont des brutes silencieuses, ou alors des fanatiques totalement illuminés. Rien à en tirer.

- Ce n'est que la piétaille, reprend Delwin. Celui que j'ai vu, et quelques autres qui m'ont pourchassé à travers Ombre jusqu'à ce que je me retrouve contraint à me réfugier dans le Cours, sont infiniment plus dangereux. Comme je l'ai dit, la Marelle n'a aucun pouvoir face à eux, et leurs capacités en général nous sont largement équivalentes. Personnellement, en tout cas, je n'avais aucune chance.

- Rien de tout cela n'a été vu en Arden. Quelques uns de leurs guerriers sont terriblement difficiles à tuer, mais rien qui ne soit hors de notre portée.

- Même chose dans les combats du Cercle, rumine Bénédict qui n'a visiblement pas encore digéré le coup précédent.

- Alors, c'est qu'ils hésitent encore à s'approcher de la Marelle elle-même. Peut-être y seraient-ils davantage vulnérables qu'en Ombre ?"

Random a un regard vers Bénédict. Ca cogite sec.

Julian, sous la pression silencieuse de Random, se décide à grommeler une réponse.

- Pas grand chose d'intéressant. Pour tous les prisonniers, ils sont l'avant-garde d'une armée rassemblée par leurs dieux pour accomplir l'ultime destinée, un truc du genre. Bref, nous rentrer dans le lard.

- Le coup des dieux, intervient Random, c'est du classique, du réchauffé dirais-je. Tout le monde a fait le coup en Ombre pour se tailler un royaume ou former une armée.
Là c'est plus complexe : on a des ouvertures qui se créent en Ombre, jusqu'au coeur d'Arden, et des armées qui en jaillissent. On n'a jamais vu ça. Les responsables, pendant ce temps, demeurent bien abrités : apparemment, ils n'ont pas besoin de se montrer pour frapper.

- Personnellement, dit à son tour Delwin, les attaques que j'ai subies ne peuvent venir, à mon sens, que d'Ambriens ou de Seigneurs du Chaos. Ce sont forcément eux ces "dieux" qui guident le grand mouvement. Maintenant, je n'ai aucun indice quant à leur identification, mais ils sont assez puissants pour provoquer ce genre de tels phénomènes, et rendre certains d'entre nous, ma soeur notamment, au-delà de tout secours".

Alors que retombe la voix de Delwin, quelques coups prudents frappés à la porte se font entendre.
Random grogne, puis finit par lâcher un "Entrez !" peu amène.

Un garde en grande tenue entre, visiblement fort gêné.
Après avoir fait un salut militaire aussi raide qu'amusant lorsque réalisé en cinq exemplaires, il dit en hésitant :
- Toutes mes excuses, Votre Majesté, Mes Seigneurs, mais l'une de vos parentes, Dame Ludmilla, se fait annoncer et souhaite vous voir de toute urgence, en tout cas c'est ce qu'elle dit, et donc...

Random fronce les sourcils un instant - comme les autres, d'ailleurs. Puis, comme la lumière semble venir soudain, il finit par lancer au garde :

- Fille de ?

- Euh... Je n'en sais rien, Votre Majesté, je...

- Ben, allez lui demander, reprend Random dont la surprise semble se décaler soudain en direction de la qualité intellectuelle de sa garde personnelle.

- Ah, mais oui, de suite..."

Et le garde se retire. Une fois de plus, Random fait le tour des regards.

Retour rapide du garde, salut réglementaire et tout le tralala.

- Votre Majesté et mes seigneurs voudront nous pardonner, mais la personne interpellée ne souhaite pas donner son identité par notre intermédiaire.

- Suis-je bête, j'oubliais dans quelle famille je me trouvais... Eh, bien Julian, si tu veux bien...

Le Julian en question, d'abord surpris d'être ainsi invité à jouer le portier, lâche un grognement puis emboîte le pas d'un garde soulagé d'en finir avec ses allers et venues.

Quelques secondes à peine après que Julian ait franchi le pas de la porte, il lance de sa voix forte :
"Inconnue au bataillon, mais on commence à avoir l'habitude ces derniers temps..."

Julian est visiblement engagé dans une conversation avec la nouvelle venue. Il parle volontairement fort, pour bien vous en faire profiter.

"Mmmmh... Une fille de Flora aurait eu un carton d'invitation en bonne et due forme, de même pour Gérard. Caine t'aurait éduquée d'une autre façon... Bleys nous en a déjà claqué deux dans les pattes... Et tu n'as pas les cheveux verts...
Bref, soit tu viens réclamer des droits à la couronne, soit tu viens tenter de délivrer ton paternel...
Soit... les cheveux roux sont un gêne récessif..."

Au bout de quelques secondes, Julian finit par faire entrer la nouvelle venue - par un grand mouvement en la tenant par l'épaule, et en la poussant à moitié vers l'intérieur.

La fille est de taille moyenne, aux cheveux blonds. Son apparence t'est familière : c'est celle qui t'avait brièvement, et anonymement, contacté il y a quelques jours alors que tu te trouvais en Ombre avec Laurent.
Comme de juste, elle fait vite le tour des visages, et tout le monde l'évalue avec une curiosité plus ou moins visible - c'est à peine si tu ne devines l'écran d'une calculatrice dans le regard de Delwin...

Random rompt le court silence.
"Je vois. Le paquet poste ramené par l'autre chieur. Bon, alors pouvons nous savoir à qui nous avons l'honneur ?"

La fille semble ne pas réagir à la réflexion de ton oncle, et se tourne vers toi.

"Bon donc a priori, ce n'est pas au fils de Bleys que je dois de me retrouver en Ambre. Mais cela ne me garantit guère de pouvoir lui faire confiance, pour ce que je connais de son père..."

Avec mes plus belles manière je salue la donzelle:

"Veuillez croire mademoiselle que je n'ai pas les mauvaises manières de mon père, qui il est vrai a des habitudes peu recommandables."