Episode 8 : Vers l'infini et au-delà !!!

L'Elysion capte rapidement les énergies suffisantes pour ton déplacement. Sur ta seule vision faite de ouï-dire, et le fait qu'il n'y a pas d'effet immédiat, tu commences à te demander si tu parviendras à glisser vers le Chaos.

Le paysage se modifie très rapidement. Plus que ça : il fond littéralement, produisant un intéressant bruitage de tonnerre.

Gardant à l'esprit l'image plus ou moins approximative de Merlin, tu parviens à bâtir un couloir dans les Ombres, mais tout ce qu'il y a autour devient rapidement du grand n'importe quoi.

Les secondes, les minutes, puis finalement des notions de temps que tu ne parviens plus à calculer s'effritent alors que tu progresses dans un maelström de couleurs, de sons, d'énergie. Visiblement, il doit y avoir du vivant là-dedans car l'Elysion réussit à maintenir son énergie à flot.


A un moment, toutefois, tu sens la poussée qui t'anime se ralentir. Apparemment, tu t'approches d'un lieu particulier, qui provoque une interférence dans ton lien avec l'Elysion. Tu crois pouvoir t'en éloigner, mais étrangement il y a comme une force d'inertie qui font rebiquer toutes les Ombres vers ce point.
Peut-être qu'en reculant et en rassemblant davantage de forces, tu pourrais tenter de le dépasser, sinon tu risques fort de devoir passer par là, pour le meilleur ou pour le pire...

Aurélius fait le détours. Il s'arrête dans une ombre proche dans laquelle il pourra trouvé gîtes et couverts convenable, ainsi que de quoi reposer et nourrir sa jument.

Ce n'est qu'une fois pleinement reposer, et sa jument également, qu'il envisagera le passage en force.

Il en profitera aussi pour se renseigner, que ce soit par la parole ou en palpant les esprits.
Quelqu'un devait bien savoir où se trouvait les Cours du Chaos, ou à quoi elle ressemblait plus précisément - peut-être même y trouverait-il une image, un tableau ou un portrait du nouveau Roy Merlin ?

Bweah ... Il verrait bien !

Les humanoïdes accueillants qui te donnent l'hospitalité ont un lien avec le Chaos, mais d'un point de vue un peu trop religieux pour te fournir des données précises. Il y a un culte pratiqué envers des "hommes-serpents" et des sacrifices de bétail pour la "grande pieuvre" qui, tu le devines aisément, rappellent de loin en loin la fidélité aux Cours.

Tu dois cependant être encore trop loin de la zone d'influence directe des Cours.


Lorsque tu reprends ta route, il te faut plusieurs... euh... heures ? enfin, en tout cas tu as l'impression de te bagarrer longtemps avant de réussir à te dégager de cette force d'attraction.
Lorsqu'enfin tu savoures ta libération de cette puissance parasite, tu constates que l'Elysion, sans véritablement perdre de sa puissance, semble avoir de plus en plus de mal à se fixer et à contrôler le flux d'Ombres.
Ce qui semble être un bon signe quant à ta destination finale devient inquiétant quand tu commences à te demander si tu as encore vraiment le contrôle. Une certaine appréhension t'envahit : faut-il s'arrêter pour faire le point, ou poursuivre sur la lancée ?

Là où il y a du vivant, l'Elysion est sensé fonctionner et s'il existe une personne capable de le maîtriser, ce devrait être moi.

Mais je n'oublie pas pour autant que Ysabelle semblait sous entendre son impossibilité à tracer convenablement la position de Grayswandir dans les Cours, les jugeant "en dehors" de sa sphère d'influence, ce qui n'est bien évidemment pas annonciateur de bonne chose.

S'arrêter n'est peut-être pas la plus mauvaise des options, mais à utiliser l'Elysion trop longtemps je risque d'attirer l'attention plus que de raison. Ce qui ne manquera pas de toute façon d'être le cas, c'était un risque.

Foutu pour foutu, il décide de s'arrêter un moment, afin de faire le point et voir si dans cette ombre il y avait plus à en tirer que la précédente.

Le ciel a des effets colorés changeants qui te font penser que tu te rapproches du Chaos proprement dit.

En un sens, on pourrait se dire que tu te trouves près d'une ville, mais en vérité, tu n'en es pas trop sûr.

Certes, il y a des habitants de forme globalement humanoïde (quoique sacrément tarabiscotés, et aux membres très semblables à ceux de grands insectes).
Il y a aussi des demeures, des rues.

Mais le tout est... comment dire... bizarrement agencé. Le sol est une mosaïque qui part dans tous les sens, et plusieurs bâtisses se retrouvent construites à 90°.
Et quand on dit bâtisse... cela ressemble plus à des sortes de cônes arrondis, relativement vastes mais aux ouvertures minuscules.

Et pour ne rien arranger, il y a une sorte de mouvement saccadé à tout cela.

Ce n'est pas une Ombre, c'est un réseau d'Ombres superposées, qui semblent avoir fusionnées. Les habitants ne te prêtent pas grande attention, et pour cause : ils semblent ne pas disposer de récepteurs visuels, auditifs ou olfactifs !
Euh oui, pas de doute, c'est sûrement le Chaos...


L'Elysion parvient à capter de l'énergie, mais les Ombres environnantes ont... le mot est-il approprié ?... une texture qui les rend difficile à manipuler. Tu as l'impression d'utiliser un batteur électrique dans un saladier de blanc en neige : ça tourne, ça monte, mais ça devient n'importe quoi.

Tu repères plusieurs pistes, mais tu n'as aucune idée de leur destination finale. Il y a apparemment de grandes masses d'énergie à proximité : tu en repères cinq au total. Autrement, le reste est comme un horizon obscur, tu peux toujours essayer de t'y lancer, mais à tes risques et périls.
Et, sinon, tu devines toujours, quoique fort lointaine maintenant, ce pôle d'attraction étrange dans ton dos.

Aurélius se concentre à nouveau, mais cette fois il ajoute à l'équation : Grayswandir.
Sa puissance, sa majesté, qu'il connait bien pour l'avoir cotoyé plusieurs années !

Il se remet en route en laissant l'Elysion travailler, il ne rechigne pas à alimenter l'Elysion, à fournir les efforts nécessaire pour arriver à son but.

L'Elysion patine dans la semoule de longs moments, et tu dois puiser dans tes forces pour maintenir une avance régulière et ne pas te perdre dans des tourbillons d'Ombres.

Car c'est là le vrai problème : les Ombres sont totalement instables. Si toutes représentent un Univers, il y en a de toutes les tailles, toutes les structures, et le tout bouge sans arrêt, en produisant en plus une forme d'énergie que tu ne connaissais pas et qui fait dérailler encore plus ton itinéraire.
Tu es néanmoins sauvé par le fait que, pour une raison ou une autre, certaines Ombres semblent garder une relative stabilité. Tu parviens à t'y reposer à chaque fois suffisamment pour pouvoir ensuite redémarrer.

Quoi qu'il en soit, tout cela est fort pénible, et c'est bien épuisé que ton saut dans les Ombres du Chaos se termine par ton arrivée dans une nouvelle Ombre.
Tu te retrouves sur une sorte de chemin en pavements noirs, qui serpente au milieu d'une vallée. Le ciel est totalement dément : rouge d'un côté, violacé de l'autre, il laisse entrevoir planètes et galaxies dans un mouvement désordonné.

De la vie intelligente, tu en devines partout autour de toi : alors que le sol hors du chemin semble d'une grisaille désespérante, tu perçois un nombre infini de minuscules lueurs, qui dansent follement autour de toi et jusqu'à l'horizon, et dont tu n'aurais peut-être même pas saisi l'existence sans l'Elysion.
Le chemin paraît mener vers un complexe de bâtiments à la structure te rappelant certains jeux où il faut superposer des éléments jusqu'à ce que tout s'écroule... et là visiblement, si une brique devait être rajoutée cela ferait un gros boum...

Hors de ces lueurs bizarres, qui semblent s'intéresser à toi en tournant autour de tes jambes et de ta tête et qui ne paraissent pas disposer de moyens de communication valables, tu ne vois pas dans le secteur d'interlocuteur crédible.

La même routine s'installe.
Me reposer, reposer ma jument, manger et boire, faire manger et boire ma jument, puis repartir.

Il n'avait pas d'autre choix de toute façon.

Il réfléchissait sur la route au pourquoi de l'instabilité de l'Elysion. Après tout, tant qu'il y avait de la vie, l'Elysion devait fonctionner.
Il ne doutait pas que ces ombres, fussent-elles instables, devaient grouiller de vie, alors pourquoi autant de difficulté ?
De toute évidence l'Elysion avait besoin d'une certaine stabilité, il regrettait amèrement de ne pas avoir sû plus directement à quoi ressemblait les Cours, cela lui aurait sûrement évité bien du tracas.

Quoi qu'il en soit, c'est avec son objectif en tête, Grayswandir, qu'il poursuit sa route.

C'est bien là le problème : l'Elysion t'a relâché dans cette... Ombre ? (en fait, encore un réseau d'Ombre plus ou moins stable)

Pas de Grayswandir en vue, mais dès que tu te reconcentres dessus, l'Elysion ne fait que te ramener dans cet univers. Peut-être est-ce bon signe, ou peut-être cela signifie-t-il que l'Elysion est désormais complètement en rade, mais il est par contre certain que les Cours, soit tu y es, soit tu n'en es pas loin...

Bon eh bien, allons-y !

Aurélius se met en route et explore cet univers en se dirigeant vers le complexe de bâtiment.

Le réseau d'Ombres est plus ou moins stable, même si le sol vibre de manière inquiétante, et que l'horizon scintille d'étrange manière. Même l'air que tu respires a une texture étrange, qui te force à changer le rythme de ta respiration.

Plus tu t'approches des constructions, plus tu en devines d'autres, plus petites. Comme on pouvait s'y attendre, des silhouettes de formes variées commencent à en sortir à mesure que tu approches. Elles sont encore à bonne distance, mais il est évident qu'elles t'ont repéré, qu'elles t'observent et ne font rien pour se cacher.

Aucune raison d'agir différent, je continue.

Des éclairs commencent à danser dans le ciel. Il ne faut pas plus de quelques secondes avant qu'une voix polyphonique ne commence à résonner, autant à l'extérieur que dans ton esprit :


- Ambrien ! Plus un pas ! Vous entrez dans le coeur des Passes de la Maison d'Helgram, où vous n'avez pas été invité. Si vous êtes perdu, nous vous raccompagnerons sur le bon chemin. Sinon, déclinez-nous les raisons de votre venue".

J'aimerais bien savoir comment une voix peux s'inviter dans mon esprit.

Aurélius répond :

- Je suis effectivement "perdu" et vous prit de bien vouloir excuser mon intrusion involontaire. J'accepte volontier votre offre de me raccompagner sur le bon chemin. Je viens voir mon frère, Merlin Roy des Cours du Chaos.

Le silence qui s'abat soudain est, quelque part, assourdissant. Comme si tout l'univers s'était brutalement tu.

Même les créatures de l'Ombre semblent s'agiter bizarrement, comme si ta réponse leur était parvenu.

Une, deux minutes passent, et le volume n'est toujours pas remonté. La scène s'est comme figée - ce qui n'est pas un mal, ça avait tendance à bouger beaucoup trop - et on te laisse en plant.

Tu es à une cinquantaine de mètres droit devant ce qui, dans un univers plus ordonné, ressemblerait très certainement à un portail (ici, la forme géométrique tarabiscotée laisse un peu de doute, mais cela semble correspondre). Rien ne te barre la route.
Sur les côtés, le sol grimpe sur plusieurs dizaines de mètres, en direction de certaines de ces constructions acrobatiques, où se tiennent en plus ces êtres qui, plus tu les observes, moins ils ressemblent à des humanoïdes.

Derrière toi, tu retournes vers cette espèce de lande plus ou moins habitée (tu devines encore ces étranges lueurs qui, elles aussi, semblent avoir abandonné tout mouvement).


Pour autant que tu puisses le constater, à part une très légère lassitude, tu es dans une très bonne forme physique et mentale, et libre de tes mouvements.

Bon bah, allons y. Droit devant ! Au pas.

Je suis à présent plus que jamais sur mes gardes et à l'affût du moindre mouvement suspect.
Je suis préparé à tout moment à activer l'Elysion soit pour me défendre, soit pour attaquer, soit pour me barrer fissa.

En avançant, tu te rends compte que tu te retrouves dans une situation qui, à vue d'oeil (sans inclure les possibilités d'échappatoire non-physiques), paraît peu confortable : on t'observe de tous les côtés, et le silence sinistre qui s'est abattu depuis ta déclaration a quelque chose d'inquiétant.

Le portail est, un peu comme l'ombre, un bric à brac métallique qui tient sur la paroi on ne sait comment. Phénomène curieux, dans cet environnement tombé dans l'immobilité et le mutisme, le portail vibre légèrement.

Il s'arrête devant.

- Alors ? Famille Helgram, que comptez-vous faire au juste ? Quoi que vous décidiez, sachez juste que j'ai une excellente mémoire. Je ne vous demande rien sinon que de m'indiquez la bonne route si c'est tout ce que vous avez à m'offrir.

Il attend, et observe le portail en restant sur ses gardes.

Alors que la situation demeure globalement identique, une voix grondante se fait entendre, assez différente de la précédente... surtout parce qu'elle ne s'exprime en rien de ce que tu comprends. Le ton est à proprement parler inhumain et, alors que tu essaies de percer la syntaxe de ce langage étrange...


... le sol se dérobe sous tes pieds. Tu tombes dans un vide ténébreux, qui connaît cependant une gravité fluctuante tendant à faire varier la vitesse de ta descente. Aucune paroi, aucun fond en vue...

Jusqu'ici tout va bien ... L'important n'est pas la chute ...

Je tente de me stabiliser dans ma chute autant que faire se peu.

Tout peux arriver, aussi je vérifie que je peux toujours faire appel à l'Elysion et son statut (faible, très faible, ultra faible ?).

L'Elysion se matérialise, mais semble atteint d'une crise de tremblote qui le rend flou. Sa puissance semble elle-aussi sur un courant alternatif, et les Ombres filent comme des anguilles entre les pinces de ton pouvoir.
Malgré tout, tu parviens plus ou moins à contrôler la vitesse de ta chute - même si, dans l'obscurité, tu dois te fier davantage à l'impression que te laissent tes autres sens plutôt que sur des repères visuels inexistants.

N'empêche, cela fait maintenant plus d'une demi-heure que tu tombes, à une vitesse variable mais qui te semble désormais satisfaisante quant à une éventuelle réception sur un support dur. Support dur qui ne se manifeste cependant pas encore, ce qui est quelque peu frustrant.

Aurélius ne garde pas l'Elysion à l'esprit, ce n'était qu'un "check".

Il attend. Il suppose qu'il s'agit là d'une façon de voyager en Ombre, certes particulières, mais qui résultera probablement a son arrivé dans les Cours. Du moins l'espérait-il.

Le sol finira bien par arriver. Et en cas de danger il reste l'Elysion pour tenter le tout pour le tout et se barrer de ce trou - au sens propre.

Finalement, pas de sol, mais un arrêt total de la chute. En réalité, le phénomène semble dû à une concentration d'Ombres minuscules mais très denses, qui donnent l'impression que tu es immobilisé dans l'air.

Le silence est aussi total que peu avant ta chute, mais tu perçois clairement que l'on t'observe, vraisemblablement à distance respectable par quelque procédé magique.

Je croise les bras, et j'attends.

Si dix minutes se passent toujours en silence, j'aviserais.

Pendant un court, très court instant, tu crois discerner de lointaines parois, plus ou moins irisées et laissant l'impression d'un matériau liquide, un peu comme une bulle de savon, mais l'effet visuel s'estompe rapidement pour céder la place, à nouveau, à l'obscurité.

Par contre, les présences sont de plus en plus manifestes. Au bout de quelques minutes, la polyphonie de voix retentit, résonne jusqu'à l'infini.

- Non content de t'aventurer sur les terres du Chaos en tant qu'Ambrien, il fallait que le choix du Serpent t'amène jusqu'à la Maison d'Helgram.
Et tu te prétends de plus frère de l'usurpateur.
Sa mère n'étant pas la tienne, tu ne peux donc qu'être le fils de Corwin Berimen, le dixième des héritiers maudits".

Un moment, tu te demandes quel bruit est émis pendant quelques secondes, mais cela ressemble à un super rire inhumain. Et le silence se fait à nouveau.