Episode 8 : Vers l'infini et au-delà !!!

Les serviteurs ne semblent au courant de rien, et leur esprit est de toute façon des plus simpliste, pour ne pas dire simplet - on n'a sûrement pas besoin de démon intelligent pour le service - même si leurs capacités physiques et peut-être bien magiques sont potentiellement intéressantes.

Après une bonne grosse heure supplémentaire, le ciel au dehors a complètement viré à l'orange vif. Pendant plusieurs secondes, la tension monte car rien n'indique un quelconque changement.

Et, soudain, ta porte s'ouvre lentement, comme poussé par quelqu'un... sauf qu'il n'y a strictement rien derrière.

J'ai un mouvement réflexe de défensif et sonde psychiquement l'entrebâillement de la porte.

Tu perçois une perturbation importante des Ombres au delà du seuil, comme si on s'était amusé à passer un grand coup de cuiller dans le bouillon de légumes variés que représente le système des Ombres dans ces fichues Passes.

Est-ce un bien ou un mal, c'est difficile à dire.

Bah j'attends ... en défense ... sur mes gardes.

Après une minute de tension... il ne s'est rien passé. Tout se re-stabilise, tout redevient normal...



Ah euh bah en fait non. Le couloir est toujours un couloir... mais plus le même. Tout semble s'être réagencé, d'une manière importante. Comme si on avait déplacé salles et couloirs devant ta porte...

Ce doit donc être le signal : je fonce !

Les galeries où tu t'engages ressemblent beaucoup à celles qui étaient encore tout à l'heure liées à ta chambre, preuve que tu es sans doute encore dans les parties résidentielles des Passes d'Hendrake.

Seulement, il n'y a pas de gardes, et tu as l'impression que les Ombres sont encore en train de se construire autour de toi, comme si la transition n'était pas encore pleine et entière.

Puis, très soudainement, tu débouches dans une large pièce. Tu es surpris, car aucune porte ne l'annonçait, ni aucun repère particulier. C'est soudain et brutal : pas même un petit éclair pour marquer le coup.

Le sol semble droit, mais c'est bien la seule chose qui l'est : la forme générale de l'endroit est conique, avec une sorte de cheminée ouverte au sommet qui donne vers le ciel - un ciel lumineux et rouge.
Les murs sont à facettes, comme un prisme aux couleurs tendant vers le bleu et le jaune.

Et comme de juste, il y a du monde : une bonne vingtaine de gardes, de forme humanoïde croisé avec quelque insecte ou crustacé, selon les cas.
Au centre de la pièce, assis en vis dans une sorte de grand cercle au dallage mauve légèrement lumineux, plusieurs autres créatures, aux aspects bien plus tordus - trop divers et parfois trop répugnants pour qu'une description en soit faite pour le moment, mais visiblement on aime les écailles chez les Hendrake... - semblent en train de discuter. Sept ou huit, tu n'es pas trop sûr (parce qu'il y a deux troncs qui ont l'air de sortir des mêmes hanches, de là où tu te tiens... hum...)

Bon, évidemment, ils ne discutent pas longtemps, car à peine tombes tu dans la place que tout le monde se retourne sur toi, gardes compris. Ces derniers, suffisamment entraînés, lancent aussitôt la procédure d'interception d'intrus, avec un déplacement curieux mais sûrement adapté à l'environnement car rapide, donnant un effet curieusement stroboscopique au mouvement (un coup tu me vois, un coup tu me vois pas).
Dans moins de cinq secondes, au moins trois d'entre eux seront sur toi.

Hum !

Soit c'était prévu et je me suis fait bien roulé !
Soit c'est pas d'bol et de toute façon je ne ferais probablement pas le poids en combat singulier contre l'un de ces gardes, alors trois, voir plus ?
Soit ma "chère amie" voulait que je vois l'une de ces personnes.

Dans le doute, je lève l'Elysion dans mon esprit en me décalant physiquement pour mieux voir les protagonistes du centre.
Je lève également mes mains au dessus de ma tête en soumission, inutile de tirer mon épée au clair et d'agacé les gardes plus que de raisons et je m'apprête à tout moment à quitter cette Ombre grace à l'Elysion en direction de n'importe où tant que c'est loin d'ici et sûr pour ma survie.

Les gardes te tombent dessus mais, constatant ta non-résistance, ils se contentent de t'immobiliser sans humiliation excessive. Tu n'es même pas mis à genoux.

Les créatures au centre se dirigent lentement vers toi. L'une d'elle, sorte de mélange subtil entre un homard à la carapace écailleuse et une grenouille (pour la tête), s'avance et se redresse sur toute sa hauteur - très impressionnante, facilement 2m20.

La voix qui s'élève depuis sa bouche large est bizarrement féminine et relativement agréable, quoique teintée d'une assurance toute aristocratique.

- Vous êtes bien téméraire pour vous présenter ainsi devant nous, sans y avoir été invité. Et plus encore pour avoir tenté de franchir nos Passes sans aide ni escorte...

Ses yeux globuleux se fixent sur toi sans aucune crainte - à la grande différence de Géonelleia - et n'expriment aucun sentiment connu de toi. Tu ne perçois aucune tentative mentale à ton encontre.

Aurélius soutient le regard, sans défiance réelle :

- Eh bien veuillez croire en mes plus sincères excuses pour mon arrivé inopinée. Et croyez bien que je ne souhaite pas vous manquez de respect en osant de prime abord vous posez cette question mais j'ai besoin que vous me confirmiez votre identité, je ne voudrais pas commettre d'impair volontaire voyez-vous ?

Il y a un moment de flottement qui, une fois encore, ne se traduit par aucune tentative - perceptible, en tout cas - à ton encontre. Tu as plutôt l'impression qu'il y a une communication entre les personnes de la pièce, mais par un processus non télépathique. Peut-être une histoire de phéromones, ou un truc dans le genre.

La créature devant toi reprend lentement la parole.

- Ma foi, je dirais que c'est plutôt à vous de vous présenter. Je n'ai guère de doute quant à votre provenance, mais il faut bien commencer par cela.

L'Elysion toujours en tête il se dit : *Eh bien mon p'tit Aurélius, c'est le moment de vérité apparemment ...*

Regardant chaque personne présente :
- Je vois que je n'ai guère le choix, aussi soyons bref : Je suis Khlorel et cherche à voir le Roy Merlin du Chaos, et pour ce faire, j'ai cru comprendre qu'il m'était nécessaire de voir la Dûchesse des lieux ?

La tension est palpable pendant plusieurs secondes.

Finalement, la créature devant toi se déforme, se décompose, se reforme très rapidement, prenant bientôt l'apparence d'une fort belle femme - la métamorphose est décidément une bien bonne invention - aux longs cheveux blonds, qu'un vêtement comparable à une gigantesque toge entoure bientôt d'un éclat de Logrus. Une ressemblance évidente avec Géonelleia, en plus mûre peut-être mais pas moins séduisante. Le regard est cependant beaucoup plus hautain et cherche visiblement à en imposer.

- Cela vaut mieux, en effet. Elle est devant vous, et aimerait savoir ce qu'un Ambrien peut vouloir faire en pleine crise dans les Cours...

Aurélius commence par se pencher légèrement, protocole oblige, histoire de ne pas plus froissé la Dûchesse.

- Mettons un détail au clair si vous le permettez, je ne suis Ambrien que par le hasard du sang. Je n'ai strictement aucune acquaintance avec Ambre.
Ceci étant dit, je pense avoir déjà clairement exprimer la raison de ma venu ici : Je souhaite voir le Roy Merlin du Chaos concernant des affaires qui dépassent autant Ambre que les Cours et ses crises internes, mais bien l'ensemble du multivers.
Je souhaite donc savoir dans quelle mesure vous pourriez accéder à cette requête.

Durant toute sa tirade, Aurélius n'hésite pas à regarder dans les yeux son interlocutrice, cet air mutin à la limite de l'insolence, il le tient de son père, et pourtant aucune bravade n'est perceptible car l'intention n'est pas de manquer de respect.

La femme cherche visiblement tout indice pouvant infirmer ou confirmer tes paroles dans ton attitude, et elle demeure très droite, guindée dans sa façon de parler. Les créatures derrière elle émettent des sons désagréables, qui sont sûrement des commentaires.

- En temps normal, c'est en effet par notre Maison que se trouve le plus court chemin pour atteindre le roi, dit la duchesse Belissa en posant chaque mot.
Vous jouez cependant de malchance : les troubles récents ont obligé le pouvoir royal à convoquer le rassemblement des Maisons. Nous ne bénéficions plus de nos privilèges de position jusqu'à la fin de celui-ci, et ne pouvons plus communiquer aussi librement avec le roi jusqu'à l'ouverture de cette réunion, afin que la maison royale demeure au-dessus des luttes intestines.

Si j'intercède auprès du roi pour qu'il vous reçoive, cela pourrait amener des complications politiques pour ma maison à la veille d'une rencontre décisive. Me comprenez-vous ?


Elle semble honête dans ses paroles.

Aurélius se gratte derrière le crâne et à l'air embêté :

- C'est très contrariant en vérité. Cela fait plusieurs fois que l'on attente à ma vie, particulièrement depuis mon arrivé proche des Cours, mais cela est bien secondaire face à ce qui frappe les Ombres d'un bout à l'autre du multivers.
Avant de vous voir je vous ai fait parvenir une lettre, ainsi qu'une autre destiné au Roy, mais l'avez vous ne serait-ce que reçue ?

Comprenez bien que je n'ai nul désir à vous mettre dans l'embarras, mais il est impératif que je puisse voir le Roy Merlin au plus tôt. Pour quand est prévu cette réunion ?

La duchesse plisse les yeux et fait une moue suspecte puis, pour la première fois, lance un contact mental, brutal, que tu anticipes cependant. Tu penses pouvoir le bloquer net sans trop de difficulté.

Si je le pense je le fais.

Sentant ta résistance, la duchesse n'insiste pas, cligne des yeux et se retourne vers l'assemblée.

- Qui a eu l'obligeance de s'occuper de mon courrier aujourd'hui ? dit-elle sur un ton aimable, mais qui ne l'est en aucune manière, tu le devines bien. Seul le silence lui répond, mais le malaise est évident. Bélissa se retourne vers toi, plus froide dans le ton, mais bien moins menaçante que dans ses douces paroles à ses proches.

- Nous réglerons cela plus tard. Je ne vois qu'une manière de vous faire atteindre le roi sans que la maison Hendrake n'en sorte déstabilisée, c'est d'obtenir que vous soyez à l'ordre du jour du rassemblement des Maisons. Mais cela ne s'obtiendra pas facilement : il faut me donner des raisons valables, suffisantes, car ma demande sera pesée, examinée, critiquée.

Plus calme, elle retrouve toute sa hauteur - et peut-être même se grandit elle un peu pour le coup.

- Mais je sais juger de ce genre de chose. Quelles raisons dois je donc avancer pour que votre entrevue avec le roi soit arrangée ?

Aurélius incline légèrement la tête puis semble réfléchir :

- Je vous remercie Dûchesse, pour votre proposition. Le sujet est tout trouvé : Le danger qu'encours l'ensemble du multivers d'Ambre jusqu'au cours, par un groupe d'individu non identifier et aux pouvoirs particuliers.

Cela vous semble-t-il aller, Madame ?

Belissa rit de bon coeur.

- Vous ne connaissez décidément rien aux Cours, et justifiez là votre assertion quant à votre caractère étranger à Ambre ! Si je présente un tel argumentaire, on me rira aux nez !
Le rassemblement des Maisons a été convoqué pour l'affaire des assassinats dans l'ambassade d'Ambre et pour le conflit qui oppose notre lignée à celle des Jesby. Je vous garantis que pour l'essentiel des seigneurs du chaos, ces derniers points sont plus importants que n'importe quelle hypothétique menace sur l'univers tout entier !

Avec un sourire presque moqueur, elle reprend.

- Je vous crois, cependant, et c'est bien là l'essentiel. Je vous propose donc ceci : je vous introduis en tant que témoin, vous présentant comme un membre de la famille d'Ambre ayant eu vent des assassinats par un de ses parents. Il faudra un récit crédible - et donc, totalement faux - mais ce n'est qu'à cette condition que vous pourrez avoir l'attention requise, j'en ai peur...

Encore une fois, en dépit de son sourire ironique parfois, elle a l'air honnête.

Aurélius sourit :

- Je vois que l'égoïsme touche autant Ambre que les Cours et qu'en définitive ce qu'il se passe en Ombre n'intéresse que peu de gens. Pourtant il y a bien plus d'Ombriens que d'Ambriens et de Chaosiens réunis, à trop les négliger ... Mais cela dit ce sont bien vos affaires ! Je m'accomoderais bien de ce prétexte, mais peut être pourrez vous me donner des informations pour me permettre de broder mon histoire.

Et si vous me le permettez, j'aimerais aussi combler mon inculture manifeste au sujet des Cours, peut être pourriez vous, vous même ou qui vous jugerez bon et capable, m'informer de ce qu'il se passe ici, peut être cela m'évitera-t-il de nouvelles mésaventures telles celles que j'ai pu rencontré avant de croiser votre charmante Maison ?

La duchesse hausse les épaules.

- Je peux vous envoyer là où je vais devoir bientôt me rendre, notamment pour notre affaire. C'est le principal allié du roi et quelqu'un qui n'a d'autre but que de répondre aux questions...

Des murmures et sifflements se font entendre depuis les seigneurs placés au centre de la salle, tandis qu'un bâton rouge, gravé de symboles argentés semblables à des arabesques, apparaît à portée de main de Bélissa puis flotte lentement dans ta direction.

- Votre invitation pour rencontrer le mage Suhuy. Je vous rejoindrai d'ici quelques cycles, aussi aurez vous je l'espère assez de temps pour obtenir quelques informations.

Te faisant un signe discret pour désigner le petit groupe de créatures au centre de la pièce, la duchesse reprend d'une voix lasse.

- Maintenant, nous avons des sujets importants à discuter entre nous. Vous avez je pense obtenu plus que vous ne pouviez l'espérer par votre irruption ici. Vous serez raccompagné puis mis sur la route des passes de Sawall. Je vous souhaite de bons cycles.

Sans prévenir, elle se retourne. Tu n'en jurerais pas mais tu crois avoir deviné un signe rapide de sa part.

- Je vous remercie. Petite révérence de circonstance.

Aurélius suit donc celui ou ceux qui le mèneront à Suhuy, après avoir prit l'invitation, évidemment.