Episode 2 : Le Jour d'Après...

Tu n'as pas à chercher bien loin.

"Oui... Tu ferais bien de le ranger et de l'oublier, pour l'instant. Je doute que cette personne puisse te répondre, et ce serait te mettre en danger inutilement."


Juste en face du cadre que tu viens de quitter, un grand miroir rond, que tu n'avais pas remarqué il y a un instant, te fait face, avec à l'intérieur le visage attentif, mal rasé mais plutôt souriant, de ton père.

"Tu m'as cherché, mais je crois hélas que tu ne me trouveras pas autrement qu'ainsi avant un certain temps..."

Il regarde le visage de son père et sourit.

"Enfin je te trouve ! Cela n'a pas été une mince affaire tu sais ... Mais qu'est ce qu'il t'arrive au juste ? Je peux t'aider père ?"

Corwin sourit, mais son expression n'est pas sereine.

"Il ne m'arrive rien... enfin, rien qui n'arrive à tout l'univers.
J'ai été attaqué, et tout montre que ma seule présence à un endroit le rend vulnérable.
Pour ces raisons, je ne suis ni à Ys, ni en Ambre, ni même dans les Cours. Je vagabonde...

"Au passage, si tu as l'adresse d'un bon forgeron, je ne serai pas contre..."


Avec un rictus triste, ton père lève ses deux mains, chacune tenant un tronçon de son épée, Grayswandir fracassée.

"Cela m'arrangerait, si tu vois ce que je veux dire..."

Visiblement choqué par la vision de cette fameuse épée ainsi brisé.

"Je pourrais chercher avec l'Elysion quelqu'un pour la réparer, je m'y mettrais une fois que nous nous serons quitté. Mais c'est justement les troubles du multivers qui m'amène.
Ys elle même semble atteinte, en moindre proportion que les Ombre environnante toutefois. J'ai vu des armées entières envahir les ombres, et deux silhouettes blanches qui emportaient des corps. J'ai même croisé un homme, blond, qui sait aller d'ombre en ombre et prétend ne venir ni d'Ambre ni des Cours, mais je ne l'ai jamais vu à Ys, de plus son pouvoir semble fonctionner même dans les lieux désert ... Il ne m'a pas donné son nom, juste une carte de visite" joignant le geste à la parole il la lui montre, " et il dit connaitre la personne contrôlant ces armées, il dit qu'il s'agit d'un "Spectral", mais il semble cependant également le fuir, il m'a conseiller de me cacher pendant plusieurs siècles devant l'inévitable avancé de cette armée sensé tout détruire, Ambre, Cours, tout... Elysion n'arrivait pas à m'envoyer à toi, même en marchant ce fut difficile ... Je ne sais quoi faire pour continuer ma tache, je ne comprend même pas ce qu'il se passe ..."

Visiblement plus attristé qu'afollé par cet état de fait ... son trouble n'en demeure pas moins réel.

Corwin remet, apparemment au fourreau, les tronçons de son épée.

"Oh, tu sais, ce n'était qu'une façon de parler... Je doute qu'un simple forgeron, même le plus extraordinaire des Ombres suffise...

Il tourne sa tête vers un point situé hors de ton champ de vision.

"Je vais voir de mon côté ce que je peux faire contre ce qui se développe ainsi à travers les univers. Tu devrais entrer en contact avec certains de mes parents, maintenant : je suis sûr que tu tomberas sur l'un d'entre eux si tu cherches bien ici.
Présente toi comme mon fils, mais ne parle jamais de tout ce qui concerne Ys et l'Elysion. N'ouvre jamais ton esprit, et ne tente pas non plus d'attaquer le leur sans raison.
Et, surtout, évite autant que possible les rouquins.


"J'espère que l'on se recroisera dans de meilleures circonstances."


Son image finit, elle aussi, par s'effacer.

Mais ! Trop tard ... Si peu de temps ... Il soupir.

Il continue de déambuler dans les couloirs, selon les instructions de son père, ouvrant les éventuels tiroirs de commode, des fois qu'ils trouvent d'autres Atouts.

Tu es en train d'inspecter une petite table, couverte d'un fatras de babioles sans grand intérêt, lorsqu'une voix grave t'apostrophe dans ton dos.

"De moins en moins de manière... Si tu cherches quelque chose, il faudrait peut-être demander. Il arrive parfois qu'on réponde sans trop exiger en échange..."


Le miroir est encadré de bois, pour former un rectangle aux coins arrondis.
Le visage qui te contemple a le regard sombre et le teint de même. Un sourire narquois s'élargit en te voyant te retourner. La tête est surmontée d'un couvre-chef vert. Une odeur marine semble émaner de l'image.

"Même si ce n'est pas vraiment moi qui regarde, je suis enchanté de faire la connaissance d'un énième parent inconnu. Quelle grande famille nous avons, décidément !"

Interloqué, il répond sans pour autant se démonter :

"Pour demander encore aurait-il fallu que je vois quelqu'un et je ne cherche que ce qui m'est utile, comme Père me l'a permis."

Il détail l'homme.

"Tu sembles sous entendre que tu ne sois pas vraiment toi et que nous serions de la même famille, qui es-tu ?"

"Personne n'est vraiment soi, ici. Peut-être même pas toi, cher neveu inconnu.

"En vérité, je ne sais même pas où se trouve mon vrai moi à l'heure actuelle, je sais juste que j'ai quelque chose à faire ici.

Il s'arrête pour faire mine de réfléchir, tout en regardant en biais avec un sourire toujours aussi narquois.

"Mais qu'est-ce que ça peut bien être ?


Soudain, avec un geste théâtral, il sort une boîte en bois parallélépipédique, l'ouvre par un petit côté et en sort ce qui ressemble bien un Atout.

"J'ai un fils qui est un peu dans ton genre. Je suis sûr qu'il sera ravi de te connaître, lance l'homme avec un air réjoui mais tendant une fois de plus au rictus.


- Ca suffit ! N'écoute pas ce personnage ! Il te jette en première ligne pour ses seuls intérêts !

Une voix féminine rugit un peu plus loin, sur le même mur. Le miroir est plus, plus ouvragé aussi. Tu vois le visage pâle, un peu juvénile et ponctué de quelques tâches de rousseur d'une femme à la chevelure presque orange.

- Chère soeur, quel bonheur de se revoir... dit en ricanant ton interlocuteur précédent.

- N'accepte rien de sa part, il est prêt à tout sacrifier pour ses objectifs, jusqu'à pactiser avec l'ennemi, te relance-t-elle en l'ignorant.

- Allons allons, un peu de calme. Pour une fois, tu sais bien peu de choses...
- J'en sais bien plus que tu ne le crois !
- ... et de toute façon ce n'est pas mon aide que je lui offre, mais celle de Safar.

Il lance vers toi l'Atout, qui retombe à tes pieds.

- Tu te mettras en danger, et Safar de même, si tu te ligues avec lui. Je te le dis !" peste la rousse tandis que l'homme en vert t'examine attentivement en caressant sa courte barbe.

Il les regardent tous les deux tour à tour.

"Ca suffit ! Je commence à en avoir marre des gens qui ne se présente même pas. Et ne réponde à aucune de mes question." Il ramasse l'atout, le regarde brièvement, et le range avec le précédent.

"Alors si l'un de vous veux mon attention, qu'il commence déjà par me dire qui il est, et ce qu'est cette endroit."

Fixant l'homme :

"Contrairement à vous, je suis parfaitement réel, moi ! Mon "oncle"", ce dernier mot est dit sur un ton monotone.

"Si vous êtes de la même famille que mon père et moi, alors vous devez vous même connaître les dangers en cours, les tempêtes d'ombres, les massacres par une armée dirigé par un "Spectral" ou que sais-je."

Il entre ensuite dans un mutisme certain, dévisageant l'un et l'autre jusqu'à avoir une réponse, ou qu'ils partent.

La doublette te dévisage comme si tu avais dit une énormité.

"Il y a peut-être plus important que de savoir qui est qui, te lâche la rousse.

- Moui, c'est vraiment de la curiosité mal placée, murmure avec un sourire le brun basané, est-ce qu'on te demande ton nom, nous ?

- Les problèmes nous sont connus...

- Enfin, par nous... les "vrais nous", comprenons-nous bien.

- C'est bien pour ça que tu dois bien choisir tes conseillers. Pour que Corwin t'attire ici, c'est que as ton importance. Il faut que tu m'écoutes, et...

- Connaissant notre frère, je doute qu'il ramène un des siens pour le faire tomber dans tes bras, chère petite soeur ! ricane l'homme.

- Et ton plan, c'est de l'envoyer se perdre avec ton fils ? Brillant !

L'homme fait un signe amusé et se retourne vers toi, comme après une bonne blague.

- Puisque tu voulais que l'on se présente, c'était là le numéro de ma chère et tendre soeur Fiona. Elle n'est pas très en forme en ce moment, mais elle est souvent très drôle.

Quant à moi (il s'incline en soulevant son chapeau), je suis celui en qui tu peux avoir le plus confiance, d'autant qu'on ne se reverra certainement pas avant longtemps. Je suis Caine."


A peine a-t-il dit son nom que l'image du miroir disparaît soudain.

"Bien fait, lance sur un ton vénéneux la dite Fiona. Corwin a sûrement ses raisons pour t'envoyer en Ambre en ce moment, mais ce n'est pas en t'acoquinant avec ce genre de personnage que tu y verras clair."

"Alors si les problèmes vous sont connu, quand est il des solutions ? Vous vouliez que je vous écoutes, et bien soit, vous avez mon attention. Si le plan de Caine n'est pas le meilleur selon vous, Fiona, lequel est "le meilleur" ?"

Il semble véritablement intéressé par ce qu'elle pourrait avoir à dire.

La femme te dévisage avec dureté, visiblement peu encline à parler à qui ne le demande pas gentiment.

- Caine veut s'entendre avec les envahisseurs, ou certains d'entre eux.
Mais l'Univers nécessite deux pôles, pas trois, ou quatre, ou plus. Je veux neutraliser nos adversaires, et pour cela j'ai besoin de toutes les connaissances nécessaires sur leur compte.
Je suis sûre que c'est aussi ce que Corwin veut, pour la sécurité d'Ambre...

Ses yeux verts sont un moment traversés par une lueur de soudaine compréhension.

"... et pour celle de ses propres intérêts."

Adoucissant un peu le ton devant, enfin, un vrai dialogue, il poursuit :

"Je comprend, et j'ai moi même du mal à voir comment nous pourrions traiter avec eux, mais peut etre encore plus de mal à savoir comment les neutraliser. J'ai vu l'étendu de leur troupe dans une Ombre, c'était tout bonnement impressionnat. J'ai eu l'occasion de me frotter à certains d'entres eux en combat, et ils ne sont pas facile à se débarasser - surtout en surnombre. Et il semble, et c'est bien le plus dangereux, qu'ils soient capable de perturber les Ombres au point de rendre l'utilisation des puissances quasi, voir complètement, obsolète."

Marquant une légère pause, sur le même ton :

"Que savez vous d'eux ? Comment les neutraliser ? Je suis prêt à vous aider, mais pas sans savoir où nous irions."

- Je ne sais pas encore. Je cherche. Il y a trop de possibilités. Ceux qui savent ne veulent pas parler, et ceux qui pourraient agir se trompent de direction. J'ai quitté Ambre pour cela.

"Caine avait raison sur un point : tu ne trouveras pas de réponse à Ambre, et ceux qui ont moins de rapport avec elle sont sûrement plus proches de la réalité du danger que les autres. Il n'y a rien non plus à espérer dans le Chaos.
Retrouve les autres fils d'Ambre : eux aussi ont affronté ou affrontent en ce moment même nos adversaires, peut-être pourront-ils t'aider.
Mais, surtout, ne suis pas les plans des Aînés, ceux de Caine moins que tout autre."


Sur une moue inquiète, elle disparaît du miroir.

Dubitatif.... Il poursuit son tour des lieux, après tout peut être croiserait il encore des "parents", et glanerais de nouvelles informations.

"Ecoute-moi !"

Une jeune femme brune aux grands yeux bleus, fort avenante et l'air énergique, dans un pourpoint vert un peu abimé, t'interpelle depuis un petit miroir placé à une bonne hauteur.


"Je ne sais pas qui tu es, et mon nom ne te dira rien. Je suis de la Maison de Coris. Si tu croises mon grand-père ou ma soeur, dis-leur que j'ai échoué... je suis désolée..."

Elle disparaît aussitôt.

Tu continues d'entendre d'étranges rumeurs, mais aucun autre intervenant ne t'agresse depuis un cadre du mur.
Si l'extrémité du couloir dont tu viens semble plongée dans une obscurité assez inquiétante, tu distingues dans la direction de ta marche une petite porte en bois peint recouvert de stuc, et à la poignée semblant être en ivoire.

Il aurait pu être pratique qu'elle me donne les noms de son grand-père et de sa soeur ... Il y a peu de chance que je les reconnaisse ... Tant pis.

Il s'avance et ouvre la porte.

Tu sors... pour te retrouver sur une place publique, peu fréquentée à l'heure actuelle du fait d'une pluie récente et toujours menaçante vu la noirceur du ciel.

Quelques étals sont encore installés, mais, définitivement, rien n'est plus triste qu'une ville où tout le monde court pour rentrer chez soi.


La cité où tu te trouves semble adorer le pavé, et celui-ci est de grande qualité, digne de celui que l'on trouve dans le centre d'Ys.
Les demeures qui entourent la place, quoique simples, sont rutilantes.
En dépit du temps pourri, les odeurs sont fortes et agréables : la mer semble proche, mais le marché a aussi laissé son souvenir. Mieux, le fond de l'air a quelque chose d'un peu parfumé.
Une impression semblable à celle que tu rencontres dans les quartiers semblables à Ys, mais tout t'indique que tu n'es pas à Ys : la technologie semble clairement médiévale, et quelque chose en toi résonne différemment. Ici, tu es un étranger.

Il a besoin de réfléchir, de se détendre un peu et surtout : Manger !

Il cherche un taverne proche.

Des tavernes, il n'y a que ça !

Celle où tu entres, "Aux Sabots dorés", est occupée par pas plus de cinq personnes, mais pourrait facilement accueillir pas loin de cent personnes de plus !

On te regarde entrer, mais les regards ne sont pas soutenus. Le patron, un gars dodu dans une tenue colorée mais assez sale, t'accueille avec un grand sourire.

"Bienvenue, monseigneur ! Que voulez-vous que je vous serve ?"

"La spécialité du chef, à manger et à boire ! Je suis de passage ici et j'ai besoin de détente."

Il s'installe à une table.

"D'ailleurs chef, comment ce nomme cette jolie ville ? Assurément j'y reviendrais ! Et si vous avez des suggestions pour l'amusement, je vous écoute avec attention !" Il sourit faussement afin de mettre le patron en confiance.

L'homme te regarde un moment comme si tu débarquais d'une autre planète (ce qui n'est pas faux, d'ailleurs !), tandis qu'il te rassemble sur un plateau une assiette avec du fromage et de la charcuterie.

"Euh... il est un peu tôt pour vous faire le plat du jour... Sinon, vous êtes à Ambre, 'videmment monseigneur ! Où voulez-vous être !?"


Dans la salle, certains ricanent.

Fichtre ! Qu'est ce que je fou à Ambre ?!

"Ambre ! Evidemment !"

Il mange avec plaisir ...

"Cela fait si longtemps que je suis en voyage qu'il m'arrive d'en oublier le nom et le visage de mes escales ! Et avec ces satanés tempêtes, c'est loin d'être des plus faciles !"

Il cherche à croiser le regard du patron tout en faisant la conversation, pour en fouiller les informations importantes sur la ville, le nom de celui qui règne, les visages des figûres importantes, les évènements récents.

Tu parviens à pénétrer son cerveau et à en soutirer les renseignements, mais tu éprouves un étrange malaise, similaire, mais plus appuyé encore, à celui que tu connais face aux gens vivant à Ys : comme si leur esprit avait une "densité" différente à celui des êtres d'Ombre habituels.


Tu te trouves apparemment dans un royaume, dirigé par une famille immortelle, où même les simples habitants de la cité ont une espérance de vie de plusieurs siècles. Le Roi se prénomme Random, et tu parviens même à retrouver, trop vagues cependant pour bien savoir ce qu'ils font là, les noms de Caine, Fiona et même Corwin.

Apparemment, la ville est en ce moment en fête de par la visite d'une délégation venue d'un lointain royaume, qui a été accueillie il y a deux jours.